Les petites Lumières

Une découverte ludique du monde des idées

 

 

Le projet des Petites Lumières, créé en 2014 par Chiara Pastorini, est d’accompagner les enfants (et les adolescents !) dans la découverte de la philosophie de façon ludique, en associant néanmoins la pratique très interactive de l’échange non seulement à une activité artistique, mais aussi à des références philosophiques classiques.

Ne soyez pas surpris : c’est possible dès 4 ans !
Et, depuis le début, nous avons initié à la philosophie plus de 15.000 enfants !

Voici le déroulement d’un atelier type : à travers des situations incarnées par des marionnettes-philosophes, les enfants sont invités à aborder un thème. Ce dernier peut se présenter sous forme de question philosophique et être orienté vers une définition. Par exemple : Qu’est-ce que la liberté ? Qu’est-ce que la peur ? Qu’est-ce que grandir ?… Il peut s’agir d’une question philosophique non orientée vers une définition : Quelles sont les différences entre une poupée et nous ? À quoi sert une maman ? Sommes-nous libres de faire tout ce que l’on veut ?… Ou encore, le thème peut être donné sous forme de terme inducteur (L’amour, L’amitié, Le bonheur, La peur…) ou de confrontation entre deux notions : Les filles et les garçons, La vie et la mort, Le jeu et le travail…

Lorsque la situation le requiert, l’atelier peut commencer par une petite séance de relaxation. Les enfants sont invités à fermer les yeux, à se concentrer sur leur corps et à écouter leur respiration. Cette pratique de l’attention permet de se recentrer et de retourner au calme émotionnel, ce qui favorise la disponibilité du cerveau pour penser et réfléchir. Quelques minutes généralement suffisent pour s’ouvrir à une pensée attentive et pouvoir donc commencer la discussion. Celle-ci est très interactive et les enfants apportent leur contenu personnel selon quelques lignes directrices que nous leur donnons au fur et à mesure. Si cela représente leur première approche à la philosophie (comme c’est souvent le cas), avant d’aborder le thème choisi, la discussion porte sur les origines mêmes de la philosophie et sur quelques figures fondatrices (Socrate, Platon, Aristote…).

Pendant l’atelier, divers supports pédagogiques sont utilisés : on lit des extraits de contes ou de livres de philosophie pour enfants, on fait des dessins et des peintures ou bien on regarde une petite vidéo si le thème s’y prête.

Tous nos intervenants ont l’expérience de ces ateliers dans des écoles (maternelles, élémentaires, collèges et lycées), des médiathèques/bibliothèques, des salons du livre, des cafés-poussette. De plus, ayant tous un parcours en philosophie, les médiateurs ont très souvent également d’autres compétences qui favorisent l’approche ludique de la philosophie et la réappropriation concrète des concepts : danse, cinéma, art-thérapie, théâtre, arts plastiques, musique etc.

La durée de l’atelier est d’environ une heure/une heure trente.

Ces ateliers sont de plus en plus intégrés dans les programmes des écoles maternelles, primaires et collèges, avec des résultats très positifs, voire étonnants, en ce qui concerne la prise de parole des enfants, le développement de l’expression orale et l’épanouissement de la pensée selon une argumentation structurée. Sans compter que les enfants s’amusent beaucoup !

 

En 2016, l’UNESCO a officialisé la création d’une Chaire UNESCO sur “La pratique de la philosophie avec les enfants : une base pour le dialogue interculturel et la transformation sociale“.
Les petites Lumières ont l’honneur d’être partenaires de la Chaire !

Nous sommes également membres officiels du ICPIC (The International Council of Philosophical Inquiry with Children), le principal organisme qui soutient les initiatives visant à faciliter la recherche philosophique avec les jeunes.

 

N’hésitez pas à nous contacter pour plus de renseignements (voir la section Contacts). Les petites Lumières travaillent dans des écoles, des bibliothèques, des médiathèques, des théâtres, des cinémas (ciné-philo), des cafés-poussette, mais aussi pour des groupes chez des particuliers.

 

Nous faisons partie des acteurs culturels officiels du Pass Culture et sommes référencés sur la plateforme Adage :

 

 

 

 

 

 

 

Nous proposons également des formations (théoriques et pratiques) pour tous ceux qui souhaitent entreprendre l’aventure des ateliers-philo avec les enfants !

 

 

MAIS AU FAIT… LA PHILOSOPHIE, C’EST QUOI ?

La parole aux enfants dans cette vidéo !

 

 

 

 

MÉTHODE PÉDAGOGIQUE des PETITES LUMIÈRES :

 

  • POUR UNE MÉTHODE « HOLISTIQUE »

 

Inspirée par les travaux de Matthew Lipman, considéré comme le père fondateur de la philosophie pour enfants pendant les années 1970 aux Etats Unis, la méthode des Petites Lumières peut être définie comme « holistique ».

D’un point de vue logique (mais pas forcement chronologique) nous pouvons reconnaître deux phases philosophiques principales dans notre pratique :

 

1) une phase de pratique verbale ;

2) une phase de pratique artistique (déclinée dans les formes du dessin, de la peinture, de la sculpture, du théâtre, de la danse, de la musique, du cinéma, de l’écriture etc. selon les compétences de l’intervenant).

Si, de premier abord, ces deux parties peuvent sembler indépendantes, eh bien, nous pensons, au contraire, que la pratique verbale et la pratique artistique sont complètement interdépendantes et toutes deux nécessaires pour les démarches philosophiques de conceptualisation, argumentation et problématisation.

Pendant la discussion notre modèle reste la méthode maïeutique (du grec μαιευτικη, art de faire accoucher) de Socrate, qui, comme sa mère obstétricienne, visait à accompagner des « accouchements ». Dans le cas de la philosophie, évidemment, il ne s’agit pas de faire naître des enfants, mais, en rebondissant avec des questions sur les réponses données, de faire naître les idées les plus spontanées et dépourvues de préjugés. Tel est notre but avec les enfants : les amener à s’interroger sur des thèmes en leur apprenant à faire des distinctions conceptuelles et à développer leur sens critique. La philosophie n’est pas donc une pédagogie de la réponse, mais une pédagogie de la question. Dans ce cadre, l’animateur devient un médiateur pour faciliter la construction des débats. Il doit en même temps provoquer et faire naître l’autonomie de pensée chez l’enfant. Il relance la réflexion par le biais de demandes d’explication sur les idées émises, de précision, de définition, d’argumentation, etc.

Faire de la philosophie c’est donc travailler avec les concepts. Mais souvent nous oublions une composante fondamentale à la base de nos processus d’abstraction et de pensée : notre corps. C’est à partir de la perception, de ce que nous voyons avec nos yeux, de ce que nous entendons avec nos oreilles, de ce que nous touchons avec nos mains, bref, c’est à partir de notre expérience sensorielle du monde, des autres et de nous-mêmes que nous créons les conditions de possibilités pour réfléchir. Sans corps il n’y a pas de pensée. Et souvent, trop souvent, quand on fait de la philosophie nous l’oublions.

La méthode holistique des petites Lumières, qui prévoit l’articulation d’une pratique artistique avec une discussion verbale, place le corps perceptif de l’enfant au cœur des processus constitutifs de la pensée.

 

  • ÇA VEUT DIRE QUOI ?

Holistique est un néologisme qui vient du mot « holos » qui, en grec, signifie « entier ».

Holistique fait donc référence au fait que dans notre méthode l’enfant est considéré en tant que personne dans sa globalité, son esprit et son corps constituant un être de façon indissociable.

Holistique est aussi un mot déjà employé par Matthew Lipman, qui dans ses écrits il parlait de « pensée holistique » pour caractériser la pensée créative. Cette dernière s’identifie avec l’apport d’idées nouvelles et originales, et permet de créer des relations entre les idées mêmes et les deux autres pensées fondamentales selon Lipman, la pensée critique et la pensée vigilante.

 

  • POURQUOI CETTE MÉTHODE ?

 

Notre approche holistique a été théorisé et formalisé dans une vision plus globale de l’apprentissage qui vise à mettre en relation les parties avec le tout et à prendre en compte la globalité des aspects qui rentrent dans ce processus. En ce sens, la pratique verbale et la pratique artistique utilisées dans la méthode proposée ici sont des outils assez efficaces pour mettre en jeu la globalité du processus d’apprentissage de l’élève dans ses deux composantes d’abstraction-conceptualisation et de concrétisation-réappropriation des concepts. De plus, contrairement à une vision traditionnelle, la perspective holistique met en avant la manière naturelle dont les concepts sont appris par les enfants, c’est-à-dire de façon relationnelle : les concepts ne sont pas mémorisés l’un séparément de l’autre, mais ils sont « découverts » par rapport à d’autres concepts et par rapport à ce que l’enfant connait déjà. Les concepts, qui demeurent de toute façon des notions aux frontières floues et non définies, surgissent donc par différence avec d’autres concepts.

Intellect et perception, esprit et corps, la personne dans sa globalité est engagée dans le processus de l’apprentissage. Les études le plus récentes dans les sciences cognitives, qui soulignent le rôle des expériences sensorimotrices dans la formation et l’accès aux concepts, nous le disent clairement. Et pourtant, les approches traditionnelles de l’apprentissage ont encore tendance à considérer l’enfant comme un sujet cartésien (ou platonicien) à l’esprit et au corps bien séparés. Répétition, mémorisation et séparation des disciplines dans ce type d’approche s’opposent ainsi à une primauté de la découverte, de l’engagement sensorimoteur et de l’interconnexion des concepts qu’on retrouve en revanche dans une perspective holistique.

De façon plus générale, une approche holistique promeut donc le développement cognitif et l’apprentissage de l’enfant en favorisant l’usage des sens, l’action et la recherche autonome par l’expérience. Le rôle de l’expérience, du mouvement et de la perception dans les processus de l’apprentissage a bien été mis en évidence par les travaux de la pédagogue italienne Maria Montessori et ceux du philosophe pragmatiste américain John Dewey pendant la première moitié du XXe siècle. Montessori et Dewey sont les pionniers de l’activisme pédagogique, une vision qui imprègne la philosophie pour enfants dès ses origines et qui a été adoptée sur le plan de la discussion en communauté de recherche philosophique. À la discussion, notre approche holistique ajoute le corps dans une démarche cognitive. Par le biais de pratiques artistiques (ou corporelles, plus généralement), l’enfant se confronte aux contraintes de la matière, des outils à disposition ou simplement de son corps selon les activités qu’on décide de mettre en place. Il en reconnaît aussi les potentialités, il s’interroge donc pour surmonter les difficultés ou pour exploiter les différentes possibilités, il opère des stratégies, il résout des problèmes et déploie sa créativité. L’enfant est et se perçoit comme acteur dans ce processus cognitif, intellectuel et sensoriel à la fois (« learning by doing » écrivait Dewey). Il acquiert confiance en lui et se construit comme sujet pensant tout en s’amusant et en y prenant du plaisir, ce qui est fondamental dans l’apprentissage parce que c’est un facteur de motivation.

Ici un exemple concret de la méthode holistique : Le temps entre pensée et création (Diotime, n. 88, 2021).

 

OBJECTIFS ÉDUCATIFS

La pratique philosophique, verbale et artistique à la fois, permet de développer chez les enfants les compétences suivantes :

 

– Apprendre à prendre la parole ;

– Développer l’expression orale ;

– S’inscrire dans un débat à visée démocratique et en intégrer les règles ;

– Affirmer ses idées et leur donner de la valeur ;

– Ecouter et respecter les idées et la parole des autres, leur donner de la valeur ;

– Explorer un concept d’un point de vue perceptif  et lui donner forme concrètement ;

– Développer son vocabulaire, donner du sens, parvenir à définir des mots ;

– Structurer son argumentation ;

– Développer son sens critique.

 

Ces objectifs, plus généralement, amènent donc les enfants à :

 

  • Penser par et pour eux-mêmes en développant l’autonomie de raisonnement ; l’enfant se construit comme sujet autonome qui réfléchit pour élaborer « sa » réponse, et non pour trouver la « bonne » réponse, celle qui est par exemple attendue par l’adulte.
  • S’épanouir, acquérir confiance en soi, apprendre à identifier, nommer et donc à mieux comprendre ses émotions et, par conséquent, celles des autres.
  • Développer l’empathie, la coopération, la tolérance pour la différence.
  • Etre plus responsable en tant que citoyens et qu’êtres humains. En ce sens, l’atelier correspond tout à fait à une forme d’éducation citoyenne.

 

 

Un exemple d’atelier :

 

À quoi sert la philosophie ?

http://lavventura.blog.lemonde.fr/2014/07/02/a-quoi-sert-la-philosophie/

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On a grand tort de peindre [la philosophie] inaccessible
aux enfants.
Puisque la philosophie est celle qui nous instruit à vivre,
et que l’enfance y a sa leçon, comme les autres âges,
pourquoi ne la lui communique-t-on pas ?
Un enfant en est capable, au partir de la nourrice,
beaucoup mieux que d’apprendre à lire ou écrire.
La philosophie a des discours pour la naissance des hommes
comme pour la décrépitude.
Michel de Montaigne
Essais I, 26, De l’institution des enfants
(1580-1582-1588)